#05 La Puissance des éléments

Il m'a fallu du temps pour comprendre ce que je vivais ici. J'ai tourné et retourné les choses dans ma tête. Pourquoi je ne ressens rien ici ? Pourquoi j'ai le sentiment de ne pas être connectée au lieu ? 

Pour m'apercevoir que je suis bel et bien connectée à ce qui est ici, seulement ces énergies me confrontent, me déstabilisent, m'effraient même un peu.

Je passe des heures à regarder le spectacle des vagues qui s'engouffrent et s'éclatent sur les roches noires volcaniques imperturbables. 

Les Açores c'est la puissance sauvage des éléments, celle qui te regarde en te remettant à ta place, en t'enseignant que toi petit humain tu ne contrôles rien, tu ne maîtrises rien. Océan, vent, volcan, te font plier devant leur force et te ramène à l'humilité, à réaliser que tu peux avoir des rêves, tu peux émettre des vœux, rien n'est plus puissant que la nature, et la vie et la mort font partie de cette nature. 

Ce que je vis ici vient me chercher au plus profond de mon ventre comme si c'était un retour aux origines, à l'originel, à l'instinctif sauvage.

Et je suis plongée dedans depuis mon arrivée car les rencontres se font rares, les conversations avec d'autres êtres humains sont quasi inexistantes...

Je suis livrée à ma Solitude que je connais bien pourtant, qui ne me fait pas peur, que j'apprécie même et qui m'enseigne le chemin pour être encore plus à l'écoute de qui je suis. 

Ma première réaction a été de me tourner vers le travail bien sûr, mon addiction première, mais on me fait comprendre que je suis très loin d'une nouvelle phase de création... je suis en phase de "jachère", je dois laisser la terre se reposer, elle est épuisée et doit renouveler son terreau pour de nouvelles inspirations et réalisations. 

Alors je lâche prise (j'ai bataillé un certain nombre de jours quand même, obstinée moi ?!). Je vis au jour le jour et je lâche aussi sur ce à quoi mon voyage "devrait" ressembler, sur ce que j'aurai envie de partager avec toi car ce qui m'importe avant tout c'est d'être authentique. 

Alors j'accepte ce passage d'inconfort, perturbant et confrontant et comme si j'étais sous l'océan je me laisse descendre au fond et porter par les vagues car de toute façon je ne gagnerai pas. 

Chaque jour je vis des petits moments tout doux : une bronzette sur les rochers, l’observation des lézards qui me font rire, une course poursuite avec les canards, une vidéo qui m'éclabousse, un rodéo dans une rue à 45° dans Calheta (merci waze pour ces petites rues impraticables que tu aimes nous conseiller et qui nous donne des sueurs froides). 

Chaque jour m'offre de bons moments alors je savoure et je prends soin de moi. 

A très vite, je t'envoie plein de douceur.